La récente décision des autorités sénégalaises de suspendre l’exportation des graines d’arachides continue de diviser l’opinion publique et de susciter des inquiétudes dans la région de Kolda, particulièrement dans le département de Médina Yoro Foula, reconnue pour son important bassin arachidier. Les producteurs locaux expriment leurs craintes face à cette mesure, craignant un retour des « bons impayés » .Ce contexte de suspension a été aggravé par les déclarations récentes de l’actuel Premier Ministre, qui a insisté sur le fait que le gouvernement du Président Bassirou Diomaye Faye avait hérité d’un « pays en ruine ». Ces mots ont semé le doute parmi les agriculteurs, qui craignent une crise financière et redoutent de voir les promesses de paiements non tenues comme par le passé.« Nous travaillons dur pour cultiver et récolter, mais si nous ne pouvons pas vendre nos graines sur le marché international, cela va réduire nos revenus de manière significative », explique un grand producteur du département de Médina Yoro Foula. « Nous avons déjà eu des expériences difficiles avec les bons impayés, et maintenant, avec ce discours, cela n’augure rien de bon », ajoute-t-il avec une pointe de résignation.En effet, les producteurs locaux se rappellent les années précédentes où de nombreux agriculteurs avaient reçu des *bons* en guise de paiement pour leurs récoltes, des bons qui, pour beaucoup, n’avaient jamais été réglés. L’idée d’une nouvelle crise des paiements, alimente un sentiment de méfiance envers les autorités actuelles.Le gouvernement, de son côté, justifie la suspension par la volonté de stabiliser le marché intérieur et de soutenir la transformation locale de l’arachide, en promettant une amélioration des infrastructures et de nouvelles opportunités d’emploi dans les unités de transformation.Toutefois, ces promesses peinent à convaincre sur le terrain. « Cela fait des années qu’on nous promet la modernisation de la filière, mais rien de concret ne se réalise pour nous, les petits producteurs », déplor une productrice de Médina Yoro Foula. « Nous voulons des garanties, pas des discours. »Cette décision marque un tournant pour la filière arachidière sénégalaise, un secteur clé de l’économie rurale, et son application sera scrutée avec attention par l’ensemble des acteurs agricoles. En attendant, les voix des producteurs du Fouladou rappellent l’importance de mesures inclusives et sécurisées pour préserver la viabilité de l’agriculture sénégalaise.
Alassane Mballo