Augmenter la taxe sur les produits du tabac afin de réduire leur consommation, du coup, augmenter les ressources fiscales de l’Etat et minorer le coût de la santé publique sont entre autres les objectifs de l’atelier d’échanges entre les membres de l’Association des Journalistes en santé populations et développement (AJSPD) et le forum civil.
« Les fumeurs tuent 1,2 millions de non-fumeurs. En titre de comparaison, le paludisme tue 400 milles personnes donc les fumeurs tuent 3 fois plus que le paludisme ! » C’est l’alerte lancée par le Dr. Abdoul Aziz Kassé, président de l’association ‘’Prévenir’’ (qui lutte contre le tabagisme). Il prenait part à l’atelier d’échanges avec les membres de l’Association des Journalistes en santé populations et développement (AJSPD) sur le thème de la taxation du tabac. Une rencontre organisée par le Forum Civil, dans le cadre du projet plaidoyer pour la Taxation du Tabac au Sénégal (TTAA). Une l’occasion pour Dr. Kassé d’attirer davantage l’attention des participants sur les méfaits du tabac. « Le tabagisme est une épidémie qui a des externalités sur le fumeur, sur son ménage et sur son entourage. Aucun organe du corps de fumeur et même de ceux de son entourage n’est épargné par ce fléau qui occasionne plus de vingt maladies chez le fumeur et le fumeur passif. En plus c’est une épidémie qui tue et laisse des handicaps vie. » Très à l’aise dans ce domaine de la lutte contre le tabagisme, il dresse un tableau sombre du tabagisme au niveau mondial. « Aujourd’hui dans le monde, il y’a 1,4 milliards de fumeurs, la moitié va mourir.» Avertit-il. Toutefois, les acteurs de la lutte contre le tabac qui, à travers une campagne de plaidoyer ont obtenu un acquis de taille à savoir le vote de la loi antitabac même si l’interdiction totale de fumer dans tous les lieux publics ouverts au public n’est pas encore effective. Le président de l’association ‘’Prévenir’’ félicite néanmoins l’ancien régime qui a permis le vote de cette loi en 2014. Cependant, il précise que le combat continue pour faire face aux produits dits émergents comme la cigarette électronique, les puffs et les chichas dont leur interdiction ne figurait pas dans la loi. Pourtant ce sont des produits plus dangereux que la cigarette classique avertit Dr Kassé. « Une session de chicha c’est l’équivalent de 20 cigarettes et on fait croire à notre jeunesse que ce n’est pas grave. D’ailleurs, l’usage des arômes est interdit dans la loi sénégalaise. » Ainsi, pour rectifier, une proposition de révision de la loi est faite pour intégrer ces manquements.
Pour sa part, M. Birahim Seck, coordonnateur national du forum civil apprécie également le travail des associations de la société civile qui a abouti au vote de la loi antitabac. Cependant, il estime que, malgré ces importants résultats, il reste beaucoup à faire d’où l’engagement de sa structure. Il déplore les énormes dépenses pour la prise en charge des malades de cancers souvent causés par le tabagisme. Pour sauver les populations notamment les jeunes des méfaits du tabac, M. Seck, estime qu’il faut les rendre moins accessibles en augmentant les taxes « Il faut impérativement que l’Etat taxe davantage les prix du tabac pour qu’il ne soit plus accessible non seulement aux jeunes mais qu’il puisse avoir des sources de revenus pour faire face au tabagisme. » Hormis le combat pour la hausse de la taxation du tabac qu’ils comptent mener, le coordonnateur du forum civil et son organisation promettent d’accompagner les associations de lutte contre le tabac pour une interdiction définitive de fumer dans les lieux publics par les autorités. Par ailleurs, il demande au nouveau gouvernement dont l’une de leurs priorités est la protection de la jeunesse de tout faire pour réduire la consommation du tabac au niveau de cette couche parce que, selon lui tous les experts ont montré que la jeunesse sénégalaise est en train d’être ‘‘tuée’’ au sens figuré comme propre par le tabagisme.
Mbagnick DIOUF