De nombreux pays de l’Afrique de l’ouest et du centre disposent d’une loi sur la santé sexuelle et reproductive mais l’application pose problème à cause de l’absence de décret d’application. Pourtant l’application de cet instrument peut contribuer à réduire les taux de mortalité maternelle et infantile dans ces parties du continent africain. Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN), dans sa mission d’information et de sensibilisation a invité trois experts au cours d’un wébinaire sur le thème « L’adoption et l’application des lois sur le SR/PF où en sommes-nous ? »
« Le respect des droits de la santé sexuelle et reproductive (DSSR) peut avoir un impact positif dans le développement et le bien-être d’une communauté » a déclaré le conseiller régional chargé des programmes et politiques de planification familiale au bureau régional de l’UNFPA Afrique de l’ouest et du centre. Toutefois, Dr. Chilanga Asmani précise que pour assurer ces droits, il faut impérativement que, non seulement les pays disposent de loi sur la santé de la reproduction mais surtout qu’elle soit appliquée. Ce qui n’est pas le cas dans certains pays de l’Afrique. Se référant au aux conventions régionales, il précise que « 44 pays en Afrique ont souscrit à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes ou protocole de Maputo mais plusieurs parmi ces pays n’ont pas encore adopté des lois dans ce sens à cause de certaines barrières. La solution donc est de faire face à ces barrières dont les plus en vue sont d’ordre socioculturel. » Regrette-t-il.
Le Dr. Chilanga prenait part à la conférence de presse virtuelle organisée par le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) sur le thème : « L’adoption et l’application des lois sur la santé sexuelle/la planification familiale en Afrique de l’Ouest et du Centre, où en sommes-nous ? » Le médecin souligne que le bureau régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’ouest et du centre travaille avec les Etats membres pour soutenir l’adoption et la mise en œuvre des différents engagements mondiaux et régionaux en matière de santé sexuelle et reproductive. « Il ne suffit pas de voter des lois. Ce qui compte, c’est de voter un décret d’application pour faciliter la mise en œuvre et la valorisation de cette loi ».
La deuxième intervenante, le Dr. Djénébou Diallo, responsable principale de plaidoyer, à l’Unité de Coordination du Partenariat de Ouagadougou (UCPO) précise également que des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest sont toujours à la traine par rapport au décret d’application de la loi SR. « À ce jour, huit sur les neuf pays du Partenariat de Ouagadougou disposent d’une loi sur la santé de la reproduction mais dans certains, il n’y a pas de décret d’application. C’est le cas de la Guinée qui a une loi depuis 2000 et le Sénégal depuis 2005, mais ils ne disposent pas de décrets d’application.» (ndlr) le Partenariat de Ouagadougou (PO), est un mouvement lancé en 2011 et qui regroupe neuf pays francophones d’Afrique de l’Ouest afin d’accélérer les progrès dans l’utilisation des services de planification familiale afin de doubler le nombre de contraceptifs modernes à 13 millions d’ici 2030.
Citant le cas de la Côte d’Ivoire qui est le seul pays du PO à ne pas disposer de loi SSR, la troisième intervenante, la présidente de l’Ong Women in Global Health estime que les indicateurs de SR dans son pays sont inquiétants et interpellent tous les acteurs du système de santé. « Nous sommes plus de 28 millions d’habitants avec un indice de fécondité de 4,6 et une mortalité maternelle très élevée de 347 femmes 100.000 naissances vivantes alors que les ODD parlent de 55 à 70 décès pour 100.000 NV. En outre, 21% des femmes ont accès à la planification familiale. On note également 32% de grossesses précoces et 33% de mariages précoces. Des indicateurs alarmants qui nous interpellent en tant que chercheurs dans le domaine de la santé. » Dira le Pr. Mélanie Tia. Convaincue que cette loi peut contribuer à la réduction des indicateurs de morbidité et de mortalité maternelle et infantile, la professionnelle de santé, en collaboration avec les organisations qui œuvrent dans le domaine de la SR, mènent des activités de plaidoyer auprès des autorités pour le vote de cette loi. Pour relever ce défi, la présidente de l’Ong Women in Global Health tend la main aux médias qui sont des outils stratégiques pouvant apporter un plus dans le plaidoyer et la sensibilisation.
Mame Mbagnick DIOUF