Ils ne sont pas des maladies négligées ni des maladies rares mais, on n’en parle pas souvent. Il s’agit des cancers de l’enfant. Pourtant, il en existe plusieurs. D’ailleurs, l’Initiative mondiale des cancers de l’enfant (lancée en 2018 par l’OMS) en a dénombré six qui sont les plus fréquents. Co-animatrice d’un webinaire organisé par le Réseau des médias africains pour la promotion de la santé et de l’environnement (REMAPSEN) sur le thème : « Les cancers de l’enfant en Afrique. Parlons-en », le Dr. Issoumouha Dillé, chargée de la lutte contre le cancer au bureau régional de l’Oms région Afrique les cite «Il y a six cancers pédiatriques qui ont été identifiés par l’initiative mondiale des cancers de l’enfant comme action à faire. Il s’agit de la leucémie aigüe ou lymphoblastique, le lymphome de Burkitt, Le lymphome de Hodgkin, le rétinoblastome, le néphroblastome et le neuroblastome. Parce qu’ils représentent 50 à 60% dans beaucoup de pays. » La particularité de ces cancers c’est qu’ils sont les plus curables. « Huit cancers de l’enfant sur dix peuvent être guéris. Dans les pays en développement, quatre enfants malades du cancer sur cinq guérissent alors que dans nos régions c’est un enfant sur cinq » Renseigne-t-elle. Avis partagé par le deuxième panéliste, le pédiatre-oncologue le Pr. Atteby Jean-Jacques Yao, par ailleurs, chef du service d’oncologie pédiatrique à l’hôpital mère enfant de Bingerville (Côte d’Ivoire). « La plupart des cancers de l’enfant guérissent mais c’est au prix d’un diagnostic précoce pour que les moyens mis en place puissent aboutir à la guérison. » Le diagnostic tardif est d’ailleurs l’un des principaux problèmes de la prise en charge de ces cas de cancers. Le Pr. Atteby estime que beaucoup de parents ne connaissent pas les signes et autres symptômes des cancers de l’enfant c’est ce qui peut être à l’origine du retard de diagnostic. « Pour le parcours de soins, en général, ce sont des enfants que nous recevons assez tardivement. Deux enfants sur trois sont reçus à un stade un peu tardif c’est-à-dire à un moment où la maladie s’est déjà exprimée et beaucoup évoluée. Ce qui occasionne une perte de chance de récupérer l’enfant. »
En Afrique, nous avons très peu de données sur les cancers en général et particulièrement sur les cancers de l’enfant. « Nous savons qu’en règle générale on a 400 000 cas de cancers de l’enfant diagnostiqués par an. 90% de ces cas qui se trouvent dans les pays à revenu faible et intermédiaire dont fait partie l’Afrique subsaharienne. Nous savons également qu’un enfant sur 500 en moyenne développera un cancer durant sa vie. L’incidence c’est 50 à 200 pour environ un million.» Souligne la chargée de la lutte contre le cancer à l’Oms afro.
Causes souvent inconnues, prévention presque nulle
Il est difficile de prévenir la plupart des cancers de l’enfant parce que les causes sont méconnues. « A l’état actuel des connaissances, il y a peu de cancers de l’enfant qui sont évitables car si on ne connait pas les causes. Donc impossible de les éviter réellement.» Informe le Dr. Dillé. Toutefois, ajoute-t-elle, il y a quelques-uns mais d’un très faible pourcentage qui peuvent avoir un facteur de risque. « Si la femme durant la grossesse est exposée à des radiations, des rayonnements ou des infections particulières, on peut dire que ça peut être à l’origine du cancer de son enfant sans être certain mais aussi, des infection dues aux virus à hemchitembari ou cytomégalovirus et autres virus peuvent également être à l’origine du cancer de l’enfant. C’est un facteur de risque. » Note-t-elle.
Pour sa part, le responsable du service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital mère enfant de Bingerville estime qu’il y a deux facteurs « Il y a des facteurs qui sont génétiques. 40% des cancers chez l’enfant vont survenir avant l’âge de 4 ans ces cancers sont généralement d’origine embryonnaires et que l’on ne peut pas prévenir. La part de l’environnement dans les cancers pédiatriques reste marginale et faible. » Toutefois, ajoute-t-il « Il faire attention à ne pas exposer les enfants dans les plantations avec tout ce qui a comme pesticides qui sont des éléments cancérigènes avérés connus. Il y a aussi tout ce qui est industrie pétro chimie avec le benzène contenu dans la fumée du tabac et les enfants sont parfois exposés de façon passive. Il y a aussi tout ce qui de l’ordre des pathologies infectieuses comme le vih qui, en affaiblissant l’organisme peut également faire le lit du cancer »
Pour résoudre les problèmes des cancers de l’enfant, les animateurs de la conférence virtuelle sont unanimes. Il faut relever certains défis qui ont noms : formation et encadrement des acteurs, accessibilité des moyens médicamenteux mais surtout lutter contre l’ignorance ou la méconnaissance de ces maladies. C’est dans ce sens qu’ils appellent les médias à beaucoup communiquer sur ces maladies pour éviter la souffrance aux enfants, à leurs familles et à la communauté.
Mbagnick DIOUF