Parler de planification familiale n’est pas très aisé dans la plupart des pays où les traditions et religions sont fortement ancrées.

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Dans certains pays africains, les fausses rumeurs, l’ignorance et la mauvaise interprétation des textes religieux sont à l’origine du rejet de la planification familiale. Pourtant, les religieux avertis sont d’accord que le planning familial peut contribuer à l’espacement des grossesses et par conséquent, améliore les conditions de vie de la mère, des enfants et fait régner une harmonie dans la famille. Conscients de leurs responsabilités dans la communauté, certains religieux ivoiriens se sont engagés pour informer et éclairer les populations sur la position de la religion dans l’espacement des naissances. Nous avons rencontré l’Imam Koné Arouna de l’association des religieux pour la santé intégrale et la promotion de la personne humaine en Côte d’Ivoire.Imam Quel est l’apport des religieux dans la promotion de la planification familiale en Côte d’Ivoire ?En Côte d’Ivoire, il faut noter que les religieux ont beaucoup contribué à la promotion de la planification familiale. On peut dire donc que leur apport est inestimable dans ce domaine. Il est vrai dans nos pays, avec nos croyances, nos réalités, il n’est pas très aisé d’aborder cette thématique. Mais compte tenu des enjeux de santé, du bien-être de la famille et de la communauté, nous religieux, nous ne devons pas nous taire. Ainsi, à un moment donné les religieux étaient obligés de se donner de la voix pour que les populations soient convaincues que le planning familial fait partie des principes de la religion musulmane. Donc c’est quand nous avons commencé en à parler, en expliquant aux communautés que l’Islam accepte la planification familiale, que beaucoup de gens ont commencé à la pratiquer. Nos actions et interventions ont brisé beaucoup de murs d’ignorance et de méfiance. Cependant, sur les méthodes, il y a des positions différentes mais, dans tous les cas, on est tous d’accord que dans la religion il est bon de planifier pour préserver et la santé de la maman et la santé du bébé.Dans beaucoup de pays, la question de planification familiale est entourée de tabous. Quelles sont les stratégies que vous avez développées pour convaincre ceux qui étaient réticents au début ?Religieux musulmans et chrétiens se sont d’abord réunis pour s’accorder sur les argumentaires. Donc on a sorti les argumentaires bibliques, coraniques et aussi dans les hadiths (paroles prophétiques). Ensuite nous nous sommes approchés de nos hautes autorités religieuses pour leur expliquer les réalités de la santé maternelle avec des chiffres et des données pas très reluisantes. Comme preuve de l’urgence de parler de la planification familiale, nous avons brandi des statistiques. Par exemple à l’époque (peut-être les statistiques ont changé) en Côte d’Ivoire nous avions 615 décès pour 100.000 naissances vivantes. C’est énorme. Donc ceci interpelle la conscience de nos guides. Arguments solides pour leur montrer le danger qui guette nos femmes, nos enfants. En tant que guides religieux, nous devons agir parce que nous voulons que des vivants en bonne santé prient derrière nous et non pas des morts et des personnes qui souffrent de maladies évitables. C’est en ce moment que nos autorités religieuses nous ont donné un quitus d’en parler dans nos sermons et dans nos prêches. Ainsi, quand c’est nécessaire, on saisit les occasions des sermons du vendredi, des prêches dans les églises, dans les temples et autres. Nous saisissons également les cérémonies de baptêmes et de mariages que nous célébrons pour sensibiliser nos populations. Nous profitons également de nos temps d’antenne dans des radios de proximité, des radios confessionnelles pour délivrer nos messages de sensibilisation. Voilà donc un peu comment en Côte d’Ivoire on a réussi à faire passer les messages de la planification familiale et amener beaucoup de couples à adopter les méthodes contraceptives.Dans la religion musulmane beaucoup de mariages sont scellés dans les mosquées est-ce que vous vous conformez aux lois en vigueur en Côte d’Ivoire qui fixe l’âge du mariage pour la femme de 18 ans ?Effectivement en Côte d’Ivoire, la loi dit : « que pour se marier il faut avoir 18 ans pour la femme. » Nous les religieux, nous n’avons pas de problèmes avec ça. Parce que les experts médicaux ont prouvé que médicalement, scientifiquement le bassin de la femme est mature à partir de cet âge-là et qu’elle peut procréer sans problème. Etant donné que le mariage est fait pour procréer, pour perpétuer l’espèce donc on se conforme à cette règle. Dans tous les lieux de cultes affiliés au Conseil Supérieur des Imams, des Mosquées et des Affaires Islamiques de Côte d’Ivoire, il existe un registre de mariage. Ce registre est rempli avec les pièces d’identité donc ça nous permet de vérifier déjà l’âge des personnes qui veulent se marier et si ce n’est pas conforme à la loi nous rejetons et nous demandons aux personnes intéressées d’aller voir le procureur de la république pour trouver une autorisation qui nous met à l’abri.

Propos recueillis par Mbagnick DIOUF

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