La malnutrition véritable problème de développement doit être une priorité notamment dans les pays de l’Afrique de l’ouest et du centre où la situation est encore plus préoccupante. Pourtant différents engagements sont pris par les gouvernements mais la situation stagne. Le Bureau Régional d’Action contre la Faim (ACF) a organisé un atelier de redevabilité des engagements Nutrition for Growth (N4G) dans le but de renforcer le respect et la réalisation de ces engagements. En marge de cette rencontre sous régionale, notre reporter Mbagnick Diouf s’est entretenu avec Mme Judith Kaboré, du bureau régional du Mouvement Scaling Up Nutrition SUN.
Qu’est-ce que cet atelier peut apporter de plus dans la lutte contre la malnutrition ?
C’est un atelier est important parce qu’il est focalisé sur les engagements pris par les gouvernements dans des sommets et la question de la redevabilité. On note que la situation de la malnutrition dans nos pays ne bouge pas depuis plusieurs années. C’est donc important que ces engagements-là soient traduits en termes programmatiques à travers un grand rassemblement et non dans les sommets. Donc l’atelier d’aujourd’hui permet de mettre le focus sur comment on est en train de mettre en œuvre tous les engagements qui ont été pris et comment on fait pour rendre compte aux communautés pour qui nous nous travaillons. Nous devons faire en sorte que la courbe de la malnutrition puisse baisser et que le nombre de personne impacté par la malnutrition puisse aussi changer fondamentalement dans les différents pays. Aujourd’hui quand on parle de redevabilité ce n’est plus le gouvernement c’est aussi toutes les parties prenantes y compris les Nations Unies, la société civile, les chercheurs. C’est aussi chacun de par tout ce qu’il fait comme métier. C’est aussi les journalistes de pouvoir apporter leur contribution pour aider à ce que les engagements soient respectés et mis en œuvre au niveau des différents pays.
Quels sont les enjeux de la nutrition en Afrique ?
Aujourd’hui, face à l’ampleur de la malnutrition dans nos pays, on se rend compte qu’il est fondamental de trouver les voies et moyens pour pouvoir lutter contre ce phénomène. Il faut noter aussi que la nutrition est strictement liée aux questions du développement, en raison des différents secteurs qui la concernent, elle est plus qu’un problème de santé publique. Les domaines de l’agriculture, de l’eau, de l’assainissement et de la santé ont tous des rôles à jouer. De plus en plus, des analyses faites ont montré tout l’impact que la malnutrition a sur le développement. C’est donc un enjeu majeur de développement. Maitriser les tendances dans la région nous permettra de donner un coup de pouce au développement dans les différents pays de l’Afrique.
Quels sont les défis pour améliorer la nutrition dans la zone du sahel en proie aux conflits armés, troubles politiques et changement climatique, etc. ?
Il y a beaucoup de défis pour la lutte qui est menée présentement. C’est vrai, les conflits ou les changements climatiques ont un grand impact sur la nutrition. Les défis ont nom : l’accès et la disponibilité des denrées alimentaires. Mieux, il y a d’autres défis aussi importants à relever comme l’accès à l’eau, l’hygiène l’assainissement dans certaines zones. Tout cela semble très compliqué de nos jours. Raison pour laquelle, on lie la nutrition à la question du développement. Ainsi, il est donc important de trouver des solutions aux problèmes que renferme la nutrition, en passant par les autres secteurs qui sont impactés négativement.
On sent faiblement l’implication des médias comment espérer vous qu’ils puissent accompagner ce processus ?
Je dois dire qu’on vient de loin avec les médias. Tout au début, ces genres d’activité ne réunissaient que les experts. Les médias n’étaient invités que pour les cérémonies d’ouverture ou de clôture, sans penser à les impliquer véritablement afin qu’ils puissent comprendre les enjeux qu’il y a derrière ce problème de nutrition. Nous avons finalement compris que les médias peuvent nous aider à porter le message aux communautés. Il y a un problème de changement de comportement sur lequel les médias peuvent jouer. Les médias sont aussi des acteurs fondamentaux et peuvent jouer un rôle important dans la promotion de la bonne nutrition. Ils sont suivis par tout le monde et, en raison de leurs pouvoirs et capacités d’influence, peuvent agir auprès des décideurs. Toutefois, il faut s’assurer que les médias ont bien compris les messages et qui sont impliqués durant tout le processus pour bien diffuser les messages. Au niveau du SUN on a pris l’initiative de regrouper les médias. Déjà, il existe dans un certains pays, des réseaux de journalistes ou communicateurs formés sur les questions de la nutrition. Depuis environ deux mois, on fait des démarches pour mettre en place un réseau régional. Au-delà de la formation, les journalistes ont des besoins d’apprentissage. Une fois bien sensibilisés sur les enjeux de la nutrition, ils vont participer à cette noble cause. En effet, avec les outils qu’ils disposent, ils peuvent toucher les communautés qui vivent aux fins fonds des villages. C’est ça qui nous définit en tant qu’être humain, de se dire qu’on est utile à une cause dans les différents pays où on sert.
Propos recueillis par Mbagnick DIOUF