Aminata Touré n’est plus députée. L’Apr a saisi le Bureau de l’Assemblée nationale pour sa déchéance. Les députés du groupe parlementaire de Wallu ont été favorables au vote. Ils parlent de «cohérence». Aminata Toure dénonce une «violation de la loi» et accuse Macky d’être derrière.
Par Malick GAYE – La dissidence se fera hors de l’Hémicycle. La sentence est tombée : Aminata Touré est déchue de son mandat de députée. Le Bureau de l’Assemblée nationale l’a acté hier. Ils étaient 10 parlementaires à voter pour et 6 à défendre l’ancienne Première ministre. Les députés du Parti démocratique sénégalais (Pds) ont fait pencher la balance. Ainsi, celle qui fut la tête de liste de Benno bokk yaakaar (Bby) sera remplacée par Ndeye Fatou Sougou, du même camp politique et qui milite à Pikine.
Pour Aminata Touré, cette décision du Bureau de l’Assemblée nationale est faite «en totale violation de la loi». Dans un tweet, elle a accusé le Président Macky Sall d’être derrière cette décision. «Je viens d’apprendre mon exlusion de l’Assemblée nationale par le Président Macky Sall, en totale violation de la loi. Je reste plus que jamais déterminée à poursuivre mon combat pour l’enracinement de la démocratie sénégalaise et contre sa tentative de troisième mandat moralement et juridiquement inacceptable», a affirmé Aminata Touré.
Au regard de la configuration de la 14ème législature, la volonté de Bby ne pourrait se concrétiser en l’absence d’alliés.
Sur les motivations qui ont poussé les députés du groupe parlementaire Wallu à voter pour la déchéance de Mimi Touré, Nafissatou Diallo du Pds parle de «cohérence». «Hier, nous avons eu à faire la même chose avec des députés qui étaient avec nous. On l’a demandé pour Madické Niang, qui a par la suite présenté sa démission. En 2021, le Pur a écrit pour demander la démission de Issa Sall, qu’ils ne considéraient plus comme membre du parti. C’est une loi qui le dit. Nous ne sommes pas là pour discuter des réglements intérieurs des partis. On ne peut pas se dedire. C’est le Pds qui a fait voter cette loi», a-t-elle déclaré sur la Tfm, balayant ainsi d’un revers de la main une vengeance contre celle qui avait en charge la traque des biens mal acquis.
Faut-il le rappeler, «tout député qui démissionne de son parti en cours de législature est automatiquement déchu de son mandat. Il est remplacé dans les conditions déterminées par une loi organique», stipule la Constitution du Sénégal.
Seulement, pour le cas de Aminata Touré, sa démission n’a pas été actée au sein de l’Apr. Elle a toujours clamé son appartenance à ce parti et a aussi assumé sa dissidence en démissionnant du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle.
Cette dissidence a commencé quand Aminata Touré a su qu’elle n’allait pas être proposée comme présidente de l’Assemblée nationale alors qu’elle avait dirigé la liste de Bby aux Législatives du 31 juillet 2022.
«C’est parce que je ne suis pas d’accord pour un 3ème mandat moralement et judiciairement impossible», avait-elle expliqué cette situation. Depuis lors, Aminata Touré n’a pas cessé de poser des actes contre la mouvance
présidentielle. Lors du vote de la motion de censure du gouvernement, elle avait voté pour alors que Bby s’y était naturellement opposée.
Récemment, un rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) a épinglé sa gestion alors qu’elle était présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Pour sa défense, Aminata Touré a demandé un audit public de la gestion de tous les présidents du Cese sous l’ère Macky Sall.
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