Les mamans des footballeurs de l’équipe nationale du Maroc ont conquis les cœurs. A juste titre, elles sont célébrées. Elles sont les icônes du combat des familles pour soutenir des enfants, souvent issus des classes populaires et d’émigrants, et les accompagner le long d’un dur itinéraire qui les amènera au sommet de la gloire. Mais laissez moi vous parler de d’autres mamans, toutes aussi héroïques. Elles sont les mères des migrants et migrantes disparu.es en mer, au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Lybie.
ENASS leur dédie cette Journée internationale des migrants. Elles sont les symboles d’une réalité migratoire meurtrière. Les politiques migratoires actuelles font le choix délibéré de mettre en danger les candidats à l’émigration. La présence de ces femmes dans l’espace public témoigne de cet état de fait : les politiques migratoires européennes relayées par des sous-traitants se trouvant au sud de la Méditerranée (pays nord-africains) rendent la traversée de cette mer de plus en plus périlleuse.
Ces femmes portent la voix dans les rues de Rabat, Oujda, Béni Mellal ou Zarzis en Tunisie, de leurs enfants migrants disparus, elles se mobilisent depuis plus de deux ans dans un silence quasi absolu des médias et des décideurs publics. On préfère regarder ailleurs, on ne soucie pas du sort de plusieurs centaines de jeunes marocains et maghrébins qui ont fait le choix périlleux d’une migration qui est en réalité une fuite de conditions socio-économiques devenus intenables conjuguées à un manque d’espoir et de perspectives. Ce désespoir est exploité par des réseaux de trafic, des passeurs sans scrupules qui pillent les familles au départ, durant la traversée et aussi en cas d’emprisonnement dans les tristement célèbres geôles à migrants en Libye. Grâce au courage de ces mères, ces réalités ne sont pas oubliées.
D’autres mères continuent d’exiger justice et vérité pour leurs fils. Elles sont Soudanaises et d’autres pays africains. Les mères du Soudan attendent des réponses sur le drame du 24 juin 2022 à Nador-Mellila. D’autres attendent de trouver un fils toujours porté disparu. C’est qui domine, de notre point de vue, cette année la commémoration de la Journée internationale des migrants. La persistance des disparitions en mer le montre. Les derniers chiffres de Caminando Fronteras nous mettent face à cette réalité : 11 286 personnes en migration ont perdu la vie entre 2018 et 2022 en tentant de rejoindre l’Espagne, soit 6 morts par jour ! 1272 victimes étaient des femmes et 377 victimes étaient des enfants !! Voilà pourquoi le combat des mères est juste et nécessaire. Pour le devoir de mémoire, pour l’exigence de justice. Honneur et respect à ces femmes combattantes. Force et courage aux ONG indépendantes qui continuent à mettre en avant ce combat à Oujda, Alger ou Zarzis.
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